Depuis des années, la Haute-Savoie figure dans le peloton de tête des plus hauts revenus de France. Elle se rapproche toujours un peu plus du podium, n'étant devancé que par les Yvelines, Paris et les Hauts-de-Seine. La Haute-Savoie abrite même 9 des 20 EPCI ayant les plus hauts revenus de toute la France. Cependant, cette richesse moyenne s'accompagne aussi de profondes inégalités : les écarts de revenus ne cessent de se creuser entre les plus riches et les plus pauvres. Le rapport inter-décile, qui compare les revenus des 10% les plus riches à ceux des 10% les plus pauvres, est de 4,2 en 2020, contre 4 en 2010. A cet égard, la Haute-Savoie figure désormais au 3^e rang français des inégalités en termes de revenus, après Paris et les Hauts-de-Seine. Ces inégalités sont 27% plus fortes que la moyenne régionale et 23% plus forte que la moyenne nationale.

Au sein même du territoire de la Haute-Savoie, les écarts peuvent être très forts. Ainsi, le revenu médian dans la C.C. du Genevois est 66% plus élevé que dans la C.C. Cluses Arve et Montagnes. Les intercommunalités aux plus hauts revenus sont, de très loin, les territoires à forte composante résidentielle et qui se situent aux portes de Genève: la C.C. du Genevois, la C.C. du Pays de Cruseilles et la C.C. Arve et Salève. Le revenu médian y est au minimum 15% plus élevé que n'importe quel autre territoire. A l'inverse, les revenus les plus faibles se trouvent dans les secteurs de montagne et dans la Vallée de l'Arve.

On constate également que les écarts de revenus se creusent dès lors que le revenu médian augmente. Ainsi, la C.C. du Genevois bénéficie du plus haut revenu médian en Haute-Savoie, mais doit aussi composer aussi avec les plus grandes inégalités de revenus de toute la France (après le Pays de Gex): les hauts revenus y sont 6,1 fois plus élevés que les plus bas revenus.

La C.A. Annemasse Les Voirons fait figure d'exception dans cette corrélation revenus / inégalités : elle se situe au 3e rang national des inégalités de revenus, alors que le revenu médian est inférieur à la moyenne départementale. Il s'agit d'une agglomération dans laquelle cohabitent des ménages à très hauts revenus (8^e rang national pour le 9^e décile de revenus), mais aussi et surtout une population dans une situation de précarité très intense. En Haute-Savoie en général, et à Annemasse en particulier, la pauvreté monétaire est d'autant plus ressentie qu'elle prend pied dans un territoire où le coût de la vie est très élevé, accentuant encore plus les situations de précarité.