Des ressources qui se raréfient

L'accès à l'eau, un enjeu à géométrie variable selon les territoires

L'accès à l'eau devient de plus en plus un enjeu à géométrie variable selon les territoires. Avec la répétition des épisodes de sécheresse et le changement climatique, la gestion optimisée de la ressource en eau est un enjeu majeur des territoires. L’objectif est de résorber, sur les réseaux de distribution d’eau potable, les pertes linéaires dues aux fuites sur les canalisations. En 2021, ces pertes atteignaient encore 20,9% de l'eau potable circulant dans le réseau en Haute-Savoie, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 40 personnes pour chaque kilomètre de réseau... Cependant, ce coefficient de perte s'est réduit de 13% en 5 ans, au prix d'investissements pour remplacer les sections défectueuses. Une performance assez remarquable dans un contexte de croissance démographique, mais facilité par une limitation de plus en plus forte de l'implantation de nouveaux tronçons pour privilégier les raccordements au réseau existant.

Si l'étude des données piézométriques des nappes phréatiques ne donnent pas une lecture claire de tendances à long terme compte tenu de la forte inertie d’évolution des nappes et de la recrudescence de phénomènes exceptionnels (sécheresse de l’été 2022 et pluies abondantes de l’automne 2023), l’observation de l’évolution des débits de certaines rivières du département permet, lui, d'effectuer certains constats, plutôt alarmants. En effet, les débits annuels moyens (comme les débits d'étiage), ont fortement reculé entre 2012 et 2022 : -35% sur l'Arve à Bonneville, -45% sur le Chéran à Allèves, -51% sur les Usses à Musièges, et jusqu'à -73% sur le Fier à Dingy-Saint-Clair. En à peine 10 ans, le Fier a adopté les caractéristiques d'une petite rivière comme le Chéran, alors qu'elle présentait auparavant un débit proche de l'Arve. La sécheresse de l'été 2022 s'est fait particulièrement ressentir sur le Chéran, le Fier et les Usses, avec un étiage inférieur à 5m3 par seconde. Sur l'Arve, le débit a au contraire été bien plus important, la rivière étant alors alimentée par la fonte nivale et glaciaire.

Or, les périodes d'étiage correspondent aux périodes où les besoins en eau sont les plus importants. En montagne, les ressources en eau se raréfient en hiver alors que la saison touristique bat son plein. Dans les plaines, les ressources se raréfient en été alors que la population y est plus nombreuse et cherche à s'hydrater. En découlent des restrictions de plus en plus fréquentes dans la consommation en eau potable imposées par les autorités afin de limiter les riques de pénurie, mais aussi l'émergence de projets visant à stocker l'eau en période de pluie pour la restituer quand le besoin dépasse l'offre disponible. Il peut tout autant s'agir de systèmes de récupération et de stockage d'eau de fonte que de retenues collinaires en station.

Évolution des débits moyens de cours d’eau en Haute-Savoie de 2012 à 2022 (en m3/s)

Source: Banque Hydro - Service Central d'Hydro-météorologie et d'Appui à la Prévision des Inondations

Toutes les rubriques de l'édition 2023

    Population Ménages Emploi Revenus Marché immobilier Météo Automobile Ressources Energie