Grâce à son niveau de vie très largement supérieur à la moyenne nationale, la Haute-Savoie connaît un taux de pauvreté particulièrement modéré: elle figure au 2^e rang national du taux le plus faible, après la Vendée. Les départements du littoral atlantique, comme ceux situés aux abords de la frontière suisse sont les plus épargnés par la pauvreté, à l'inverse des départements du littoral méditerranéen, des Hauts-de-France ou du nord-est de l'Ile-de-France.

Cependant, bien que l'attractivité du territoire bénéficie au plus grand nombre, ce score flatteur est aussi en trompe l’œil. En effet, si les plus pauvres sont moins nombreux en Haute-Savoie, ce n’est pas nécessairement parce qu’ils sont « moins pauvres » mais parce qu’ils ne peuvent plus y vivre. La Haute-Savoie est avant tout un territoire d'actifs disposant d'un revenu: 80,6% des 15-64 ans exercent un emploi, ce qui constitue de loin un record national (74,6% en moyenne en France métropolitaine), et 83% des revenus des ménages sont assurés par les salaires qu'ils perçoivent. Aussi, pour les actifs qui n'ont pas d'emploi, le coût de la vie atteint de tels niveaux qu'il leur est impossible de rester en Haute-Savoie, ou du moins d'y vivre décemment.

Cette situation crée un biais dans les flux migratoires : la population qui s'installe en Haute-Savoie est plus qualifiée que celle qui la quitte. Les demandeurs d'emploi représentent 11% des personnes arrivant en Haute-Savoie ces 5 dernières années, et 15% des personnes qui quittent le département. Cette situation crée surtout une très grande intensité de la pauvreté pour les ménages pauvres contraints de rester dans le département : le revenu médian des ménages sous le seuil de pauvreté est l'un des plus bas en France (10 460 € par unité de consommation) et est 61% inférieur au revenu médian de l’ensemble des Haut-Savoyards. De telles disproportions créent des situations de précarité très fortes.

Localement, les territoires les plus touchés par cette intensité de la pauvreté sont les stations de montagne et les secteurs frontaliers. Les revenus de la population pauvre dans la C.C. du Genevois sont ainsi 75% inférieurs au revenu médian perçu par les ménages du territoire. Or ces territoires sont également ceux où le coût de la vie, en particulier du logement, est le plus élevé : la précarité de cette population pauvre n'en est qu'amplifiée.