Le nombre de Frontaliers a été multiplié par 2,6 en 20 ans. Il a augmenté paradoxalement moins rapidement entre 2017 et 2021. Le rythme de croissance entre 2017 et 2022 (+1,1% par an) était alors 8 fois moins rapide que celui observé entre 2000 et 2014 (+8,1% par an). Ce ralentissement était à mettre en perspective avec un solde migratoire qui a lui aussi ralenti dans les mêmes proportions et dans la même temporalité. Cependant, depuis 2021 l'emploi frontalier s'accroît à nouveau très rapidement (+5,4% par an), en particulier dans les autres cantons que celui de Genève (+10,6% par an).

La dynamique du Grand Genève semble ainsi rester intacte, avec des interactions qui ne cessent de se développer et un bassin d'emploi réellement transfrontalier. Fin 2021, 23% des emplois du canton de Genève étaient occupés par des frontaliers étrangers, alors qu’ils n’étaient que 15% en 2005. Ils sont même 38% dans le secteur secondaire (25% dans le secteur primaire, 22% dans le secteur tertiaire).

L’élargissement du bassin d’emploi de Genève au-delà des frontières de son canton est exceptionnel et explique la très forte croissance des revenus en Haute-Savoie depuis 2001 (+68%), encore plus dans le Genevois (+80%). Avec cette spécificité frontalière de plus en plus prégnante, mais aussi avec le développement du chômage, la différence emplois-actifs en Haute-Savoie est passée de -8 110 en 1968 à -125 951 en 2020 (15 fois moins). Depuis 10 ans, le déséquilibre a encore progressé de 16%.

Le niveau de dépendance économique de la Haute-Savoie s’accroît donc, de façon logique étant donné l’attractivité des emplois en Suisse en général, et à Genève en particulier. Cette attractivité se fait ressentir de plus en plus loin de la frontière: l'ouverture du barreau LIANE (A41 Nord) en 2008 a encore davantage facilité les échanges entre Genève et le Bassin Annécien et l’Albanais en réduisant les temps de trajet et les engorgements.