La station de Chamonix nous permet de bénéficier d’une importante antériorité des données et offre donc la possibilité d’observer les évolutions de température sur le temps long. Cette évolution sur le long terme permet notamment d'illustrer l'accélération de la hausse des températures depuis les années 80. La température moyenne annuelle descendue qu'une fois sous la moyenne 1981-2010 depuis le début du siècle. Si on isole les variations d’1 à 1,5 degrés qu’il peut y avoir d’une année sur l’autre et qui donnent à la courbe des températures une allure sinusoïdale, on remarque une tendance moyenne de hausse continue des températures à un rythme soutenu d’environ 0,5 degré par tranche de 10 ans depuis les années 80. Cette hausse s'effectue essentiellement par la multiplication des épisodes caniculaires, jusqu'en altitude: le nombre de jours dépassant 30 °C a doublé depuis 10 ans à Chamonix. Ces épisodes s'accompagnent d'un important déficit hydrique estival qui rend très difficile l'accès à la ressource en eau, que ce soit pour la consommation domestique ou pour le bon fonctionnement des écosystèmes. De nombreux arrêtés préfectoraux ont été pris ces dernières années en Haute-Savoie afin de tenter de gérer la pénurie d'eau en été.

L'ensemble de ces phénomènes illustrent le réchauffement climatique qui touche de manière très prononcée les zones de montagne : il est 30% plus rapide qu'au niveau national et 3 fois plus rapide qu'au niveau mondial.

Ce réchauffement climatique a également pour premier effet de réduire de manière considérable le niveau d'enneigement des stations de ski. Le manteau neigeux a ainsi reculé de 56% aux Gets entre la décennie 1960 et la décennie 2010: l'épaisseur moyenne du manteau neigeux entre octobre et mai est passée de 45,9 cm dans les années 60 à 20,3 cm dans les années 2010. La période avec un manteau neigeux s'est également raccourcie de 70 jours au cours de cet intervalle, soit près d'un tiers de la saison qui a purement et simplement disparu. Ces évolutions récentes posent la question de la viabilité à long terme de la pratique du ski. D’une part, la saison hivernale se retrouve de facto amputée des vacances de printemps à cause d’un déficit d’enneigement, notamment dans les stations de moyenne montagne pour qui les saisons sont de plus en plus aléatoires. D’autre part la réduction de l’épaisseur du manteau neigeux nécessite un travail considérable pour garantir l’accès aux domaines skiables, que ce soit par le recours croissant à l’enneigement artificiel ou par le travail de la neige par les engins de damage.

Ces évolutions ont contraint à la fermeture définitive de stations de moyenne ou de basse altitude, telles que la station du col du Corbier en 2012, d'Orange en 2013, ou plus récemment la Sambuy en 2023.