Le marché immobilier, plus que jamais, se trouve à l'épreuve de la solvabilité des ménages. Selon les territoires, les capacités d'achat sont extrêmement hétérogènes. Elles varient selon le niveau de revenu et le niveau de prix du marché immobilier. Dans le Genevois, les ménages bénéficient d'un niveau de vie médian très élevé (40 320 € par unité de consommation en 2021) et d'un coût du logement qui leur est très accessible (4047 €/m² pour un appartement en 2021). La situation dans la Vallée de Chamonix est à l'exact opposé: les revenus y sont bien plus modérés (24 270 € par UC), tandis que le marché immobilier atteint des sommets (7026 €/m²). Les écarts entre ces deux territoires se sont même creusés de 25% en 10 ans : il n'était 'que' de 2,3 en 2011.

Le Grand Annecy se situe à un niveau intermédiaire: la C.C. du Genevois a une capacité d’achat 68% plus importante que le Grand Annecy, contre 35% en 2011. Là encore, l'écart s'est creusé de 25% en 10 ans. Dans le Grand Annecy, comme dans la C.C. des Vallées de Chamonix, la capacité d’achat s’est réduite de 9% en 10 ans: le coût de l’immobilier augmente plus rapidement que les revenus. Dans la C.C. du Genevois au contraire, la capacité d’achat a augmenté de 13%. Dans la C.C Cluses Arve et Montagnes, la situation est paradoxale. On y trouve les biens immobiliers les moins chers de toute la Haute-Savoie (2 793 €/m² pour un appartement en 2021), tout comme les revenus les moins élevés (24 020 € par UC). Pourtant, la capacité d'achat des Clusiens s'est améliorée de 23%, grâce à une évolution des revenus plus rapide que celle du marché immobilier.

Les tensions les plus fortes sur la solvabilité des ménages s'effectuent ainsi dans les secteurs de montagne et le Grand Annecy, tandis qu'elle tend à épargner davantage le Genevois et la Moyenne Vallée de l'Arve. La crise du logement neuf et du crédit dans les secteurs déjà tendus n'en est que plus violente. De plus, ces estimations se basent sur les revenus médians. Il va sans dire que la situation capacité d’achat s’est beaucoup plus dégradée pour les ménages aux revenus inférieurs à cette valeur, et qui doivent composer avec un prix immobilier qui est le même pour tous.