Le nombre constant de brevets déposés atteste de la vitalité du territoire haut-savoyard pour les entreprises innovantes. Cependant, ce constat s’établit sur une tendance baissière entre 2018 et 2021 (-11%). Ces chiffres semblent cependant dans la continuité d’une baisse constatée, déjà, entre 2016 et 2018 (-22,3%).

La stratégie de recherche et développement des entreprises semble ainsi mise à mal par un recours croissant à l'externalisation d'une part de plus en plus importante des tâches. Ainsi, dans la filière Image et Industries créatives, la structure des entreprises a profondément changé depuis 2011: à cette date, seules 22,7% des entreprises étaient des micro-entreprises ; elles étaient 34% en 2016, puis 52,8% en 2022. Cette précarisation des statuts, si elle répond aussi à une réalité désirée de part et d’autre du marché du travail, rend potentiellement plus complexe l’émergence d’innovation et les levées de fonds nécessaires, en éclatant en de multiples unités les savoir-faire et les compétences.

Dans l'industrie haut-savoyarde, les innovations ont porté jusqu'à 2010 à développer l'automatisation des process et l'informatique industrielle. Si elles ont permis le maintien sur le territoire d'activités industrielles compétitives sur le plan mondial (décolletage notamment), elles ont eu pour impact de réduire considérablement le nombre d'emplois salariés directs (-26% entre 2001 et 2010), tout en ayant recours à une main d'oeuvre de mieux en mieux formée en même temps qu'à l'intérim pour dimensionner les équipes au plus près des carnets de commande. Depuis début 2011, l'érosion de l'emploi dans l'industrie paraît enrayée, malgré le choc du Covid-19, et les difficultés de recrutement récentes. La Haute-Savoie compte ainsi 47 362 emplois salariés industriels fin 2022, soit même 3% de plus que fin 2010.

La Haute-Savoie est aujourd’hui à un carrefour de son développement sur la production d’innovations territoriales, alors que les territoires se livrent une concurrence féroce en termes de compétitivité. Soit les filières demeurent structurées dans des réseaux de professionnels connectés qui partagent ensemble leur valeur ajoutée, soit elles se trouvent dépendantes de grands comptes qui sous-traitent leur R&D à des structures plus petites. La monopolisation des brevets s’en trouverait renforcée et le dynamisme de l’innovation territoriale menacé.