Selon les données de la Direction Départemental des Finances Publiques, la surface des sols artificialisés en Haute-Savoie a progressé de 24,1% entre 2000 et 2020. Elle représente aujourd’hui 7,4% de la surface du département (hors infrastructures). Son développement depuis 20 ans s’est essentiellement fait aux dépens de la surface agricole utile qui représentait 40,6% de la surface du département en 2000 et 39,2% désormais.

L'observatoire de l'artificialisation des sols du ministère note, lui, une consommation d'espaces naturels agricoles et forestiers de 3054 hectares à l'échelle de la Haute-Savoie sur la période de référence d'application de la loi ZAN entre le 1er janvier 2011 et le 1er janvier 2021. 73% de cette consommation d'espaces était destinée à l'habitat, 15% pour l'activité économique, 7% pour les infrastructures de transport.

Cependant, cette progression de l'artificialisation doit être atténuée en comparaison avec la hausse importante de la population haute-savoyarde ces dernières années. Ainsi, un indicateur de m² urbanisés consommés par habitants donne une autre idée de la consommation foncière et de la lutte contre l’artificialisation des sols : en 2006 il fallait 397 m² urbanisés pour accueillir un habitant, alors que 391 m² suffisait en 2019. La nouvelle réglementation Zéro Artificialisation Nette issue de la loi Climat et Résilience, qui oblige les territoires à diminuer de 50% leur consommation foncière d’ici à 2031, va fortement mettre à l’épreuve la dynamique démographique du département, mais surtout mettre à l'épreuve la capacité des territoires à agir pour une sobriété foncière dans leurs stratégies d'aménagement et d'urbanisme.

Avec 25,6 habitants par hectare urbanisé, la densité de l'enveloppe urbaine progresse à nouveau depuis 2005 mais de façon lente (+5,1% en 15 ans), après avoir été orientée à la baisse pendant des décennies en raison d'un étalement urbain à grande échelle. Certains territoires comme le Genevois ou l'agglomération d'Annemasse ont nettement densifié leur enveloppe urbaine cette dernière décennie, sous l’effet d’une croissance démographique vive, d’un parc de résidences secondaires très faible et d’une réduction forte des zones d’urbanisation future. Une situation à l'opposé des stations touristiques, où le déclin démographique et le poids considérable des résidences secondaires continuent de faire chuter la densité urbaine.