Le graphique ombrothermique de la station de Chamonix pour l’année 2022, comparée à une moyenne 1961-1990 permet de constater deux phénomènes importants dans l’évolution de notre climat alpin.

Coté précipitations, d’abord, on constate plutôt une relative constance sur le long terme concernant les précipitations annuelles. En effet, l’année 2022, pourtant marquée par une importante sécheresse, n’a généré « que » 13% de précipitations en moins que la moyenne 1961-1990. Les différences fondamentales tiennent en revanche sur la périodicité de ces pluies : dans la période 1961-1990, le rapport entre le mois le plus pluvieux (août) et le mois le moins pluvieux (avril) n'était que de 1,5. En 2022, il a été de 11 entre le mois de décembre et le mois d'avril. 

Les volumes de précipitations suivent ainsi de moins en moins de courbe linéaire et de régularité saisonnière d'une année à l'autre. Au contraire, ces dernières années ont été marquées par des épisodes de plus en plus extrêmes de sécheresse ou d'excès en eau. L'année 2023 n'a fait que confirmer cette situation, avec une longue période de sécheresse (mai à septembre) suivie d'épisodes pluvieux à répétition en novembre et décembre qui ont provoqué de nombreuses inondations et même une crue centennale sur l'Arve.

Côté température, l’année 2022 est une année particulière à l’échelle planétaire, portée par le phénomène El Niño dans l’océan Pacifique qui fait traditionnellement grimper pendant 2 ou 3 années consécutives les températures moyennes. Cependant, l’écart de 3,33 degrés en moyenne à Chamonix sur l’année en faveur de 2022 par rapport à la période de référence est extrêmement élevé. Il l'est d’autant plus si on le met en perspective sur une période plus longue, et si on considère qu'il fait suite à plusieurs années les plus chaudes jamais enregistrées en Haute-Savoie.