Le trafic routier est souvent pointé du doigt en Haute-Savoie eu égard aux nombreux embouteillages récurrents dans certains lieux névralgiques: Annecy et les bords du lac, le tunnel du Mont Blanc, la douane de Bardonnex, ou encore le péage de Nangy lors des chassés-croisés estivaux ou hivernaux. Il a été fortement impacté lors de la pandémie du Covid-19, chutant de 20% en 2020, sous l'effet des confinements, mais aussi de la fermeture des domaines skiables alpins lors de l'hiver 2020-2021. En 2022, il n'avait pas encore retrouvé son niveau d'avant crise (97% du trafic de 2019), en raison des restrictions sanitaires qui continuaient d'impacter le tourisme international et les populations non-vaccinées.

Même si on ne peut pas parler de modifications radicales en termes d'habitudes de déplacement, le trafic routier en Haute-Savoie était toutefois en voie de stagnation avant la pandémie, malgré la croissance démographique du territoire. Sans doute faut-il y voir les signes d'une arrivée à saturation du réseau routier, qui oblige à penser autrement ses mobilités. En Haute-Savoie, le linéaire du réseau routier a augmenté de 1,9% entre 2010 et 2020, soit une progression inférieure à celle de la population sur la même période (8,6%). Aussi, la densité du réseau routier a continué de s'accroître : elle est passée de 82,9 habitants par kilomètre en 2010 à 107,1 habitants par km en 2019. Ainsi, malgré la baisse constatée de la circulation entre 2019 et 2022 et la stabilisation du parc de véhicules particulières, la progression continue de la population dépasse largement le développement des infrastructures de transport et augmente rapidement la densité du réseau routier. Celle-ci est accentuée par les flux touristiques et les flux du trafic de transit, notamment via le tunnel du Mont-Blanc: au final la densité de circulation sur le réseau routier de Haute-Savoie est 95% plus forte qu'au niveau régional et 79% plus forte qu'au niveau national.

L'efficacité d'un réseau ne se résume pas à sa longueur. En témoigne l’évolution du réseau ferré du département de la Haute-Savoie qui a diminué de 0,8% entre 2010 et 2020, tout en accueillant un trafic voyageurs en hausse de 36,9% en 3 ans. L'augmentation des cadences de train a permis de de répondre à cette demande croissante. Cette stratégie peut s'avérer payante à court terme mais l'absence d'investissement ferroviaire en Haute-Savoie depuis des décennies est un frein réel au développement d'une offre de transport alternative sur les longues distances, en particulier les liaisons domicile-travail intercités, et crée de façon régulière la saturation du réseau: le réseau doit absorber un trafic équivalent à 12 788 voyageurs par kilomètre.